TITRE : JUNG revisité TOME 1
AUTEUR : Michel Cazenave
EDITEUR : Dervy Editions
RESUME:
Victime en grande partie d’une vulgarisation de seconde main, l’oeuvre de Carl Gustav Jung est souvent mal connue en France, ou sujette à de grandes incompréhensions. Spécialiste reconnu de la pensée jungienne – qui a influencé aussi bien Mircea Eliade qu’Henry Corbin, Gershom Scholem ou H.-C Puech – Michel Cazenave revisite, en les « refondant » pour l’occasion, les multiples études qu’il lui a consacrées, afin de replacer Jung dans les perspectives de la philosophie et de la théosophie allemandes, de la tradition du néo-platonisme et de l’histoire de la culture de l’Occident.
À travers des chapitres variés tels que « Qu’est-ce vraiment qu’un archétype ? », « La notion de synchronicité », aussi bien que « Jung et le Christ » ou « Jung et la réincarnation », il restitue toute la profondeur et tout le tranchant de la pensée de Jung, en montrant comment celle-ci est « adaptée » à l’évolution du monde moderne et pourquoi de plus en plus de « spécialistes » étrangers à la psychanalyse – anthropologues, artistes et critiques, scientifiques de pointe –, font appel à ses idées et à ses intuitions les plus fécondes.
La question avait été posée à Michel Cazenave à l’occasion d’un entretien avec la revue INRESS.
Michel Cazenave: Tout est fondé sur l’expérience personnelle et Jung le reconnaît franchement. On ne peut être jungien que si on bâtit sa conception du monde à partir de son expérience propre. Sans en avoir toujours conscience, on retrouve aujourd’hui ce que Jung disait. La spiritualité n’est pas pour lui le résultat d’une névrose, mais une donnée absolument essentielle. L’expérience religieuse et l’expérience spirituelle sont constitutives de l’humain.
La spiritualité de Jung correspond à une recherche à la base. Pour l’émission que je faisais pour France Culture, j’ai navigué dans beaucoup de milieux non intellectuels et j’ai constaté une énorme poussée de ce côté-là. Comme si en Occident, le fait que nous nous soyons débarrassés du christianisme ne signifie pas que nous nous soyons débarrassés de toute spiritualité, loin de là. Il y a au contraire une grande inquiétude spirituelle.
Freud tombe en disgrâce, la pensée de Jung est redécouverte. Y a-t-il un mouvement de balancier?
Sur le fond oui, même si ça ne me paraît pas juste. C’est l’esprit français: Si Jung a raison, alors Freud a tort. Alors que je pense qu’ils ne parlent pas des mêmes choses. C’est vrai qu’ils ont été opposés, mais on n’est pas obligés de rester prisonnier des histoires telles qu’elles sont arrivées il y a cent ans. Sur certains points, c’est vrai qu’il faut choisir son camp. Freud dit que le religieux est une névrose obsessionnelle, ce que ne dit pas Jung. Quand ils parlent de l’inconscient, ils ne désignent pas les mêmes réalités. Ils ne sont pas au même niveau de profondeur. Freud parle d’un inconscient produit d’une histoire personnelle. Jung parle de l’inconscient comme d’un espace de non conscience de l’homme en tant que l’homme est le miroir de Dieu. On ne cède pas à l’idée fausse selon laquelle Jung ne parle pas de sexualité. Simplement il a toujours dit: «il y a la sexualité d’un côté et la spiritualité de l’autre.» C’est une sexualité marquée de spiritualité, une spiritualité marquée de sexualité.
Michel Cazenave, longtemps conseiller et producteur de l’émission Les Vivants et les Dieux, Michel Cazenave est chroniqueur au Monde des Religions. Il a présidé le Groupe d’études C.G. Jung de Paris de 1984 à 1990. Il est membre fondateur et président du Cercle Francophone de Réflexion et d’Information sur l’oeuvre de C.G. Jung dont il dirige la traduction française aux éditions Albin Michel.