« France-Maçonnerie : Perfectionnement Moral et Sprituelle » : il ne s’agit pas d’une planche maçonnique mais d’un article paru le 02 septembre 2011 sur l’éditorial suisse « Le Cote«
Il s’agit d’un entretien avec Jean-Claude Bédert, Vénérable de la Loge « La Constance » : ce dernier s’exprime sur la spiritualité, l’idéal maçonnique de perfectionnement et accompagne le journaliste dans le Temple… Un bel entretien que l’on aimerait voir plus souvent….
Article : « France-Maçonnerie : Perfectionnement Moral et Sprituelle«
«Nous sommes une société discrète, mais pas secrète», affirme Jean-Claude Bédert, Vénérable de la Loge La Constance, un titre qui équivaut à la présidence de la société aubonnoise.
Aussi Jean-Claude Bédert et Paul Davoine, secrétaire actuel de La Constance, ouvrent toutes grandes les portes de la maison sise au 17 de la place du Marché, où les quelque 60 membres se réunissent deux à trois fois par mois.
Le choc est de taille pour le profane, et ceci avant tout lorsque les deux francs-maçons dévoilent le «Temple», saints des saints, empli de symboles et d’allégories de la franc-maçonnerie. Les battants d’une immense porte en bois s’ouvrent sur une pièce au plafond décoré d’une voûte céleste, ciel bleu étoilé, soleil et lune dorés. On y entre par l’Occident. En face, la lumière de l’Orient et le pupitre du Vénérable, sur lequel figurent les symboles francs-maçons: la Bible, le compas et l’équerre. A gauche et à droite, des chaises alignées où prennent place les frères. Lorsqu’ils délibèrent, ils sont vêtus de leurs habits de cérémonie: complet, cravate, gants blancs et le fameux tablier franc-maçon, hérité des antiques tailleurs de pierre, dont ils tirent leur origine. Au milieu des deux rangées, trois immenses chandeliers, qui représentent pour les francs-maçons trois colonnes, symboles de sagesse, de force et de beauté. Au pied de celles-ci, un autre symbole fondamental: une pierre brute, à tailler et polir jusqu’à atteindre la perfection, à l’image du cheminement que tout franc-maçon se doit de parcourir par l’entremise des divers grades de son évolution: apprenti, compagnon puis maître. Et au final, chacun apportera une pierre à l’édifice humain, à savoir le temple des hommes en construction.
Une société initiatique
Le mythe de la franc-maçonnerie, au pouvoir occulte, assimilée à une secte, est encore très vivace aujourd’hui. Les francs-maçons aubonnois s’inscrivent en faux contre cette vision qui fait de la corporation un mystère, entaché parfois de soupçons et de parfum de scandale. «J’ai toujours déclaré ouvertement que j’étais franc-maçon», affirme pour sa part Paul Davoine. D’ailleurs, un des objectifs des francs-maçons est précisément de faire rayonner la philosophie de la confrérie à travers leur exemple dans la vie quotidienne, auprès de leurs frères francs-maçons mais aussi auprès des profanes.
Les francs-maçons admettent pourtant que l’ordre maçonnique détient quelques secrets: le secret du rituel et des délibérations, celui d’appartenance (on ne dévoile pas l’appartenance à l’ordre d’un autre frère), et celui de l’initiation. Expérience intime et inénarrable selon les francs-maçons, «l’initiation est symboliquement une nouvelle naissance, on abandonne son ancienne peau», explique Paul Davoine.
En outre, on n’entre pas en franc-maçonnerie comme dans un moulin. Il faut être parrainé, écrire une lettre de motivation, fournir au besoin un curriculum vitae et après examen d’une commission des candidatures, envisager d’être admis.
Une quête individuelle puis fraternelle
«Je suis entré en franc-maçonnerie il y a 36 ans car j’avais envie de travailler sur moi-même. La première recherche en franc-maçonnerie, c’est soi», explique Paul Davoine. «On devient alors meilleur pour soi et pour les autres», ajoute Jean-Claude Bédert. «La recherche intellectuelle et philosophique, le travail sur les symboles et les concepts métaphysiques m’intéressaient, c’est pour cette raison que j’ai souhaité entrer en maçonnerie en 1997. C’est la possibilité d’une réflexion hors de l’agitation du monde», précise le Vénérable. La quête d’une élévation morale et spirituelle est ainsi une des pierres angulaires de la confrérie, une recherche individuelle soutenue et enrichie au contact des autres frères.
Les francs-maçons se réfèrent volontiers au fameux «Connais-toi toi-même» de Socrate. L’ordre maçonnique, bien que réuni en société, met précisément en avant la liberté de pensée, à mille lieues de toute doctrine ou dogme. Les francs-maçons réfutent ainsi toute assimilation à une secte, une église, ou un parti politique. «La Bible pourrait être remplacée par le Coran ou un livre blanc, c’est le symbole du sacré qui compte», affirme Paul Davoine. «Nous sommes des hommes libres dans une loge libre», ajoute Jean-Claude Bédert.
La franc-maçonnerie équivaut ainsi pour eux à un idéal, sous-tendu par des valeurs universelles telles que fraternité, égalité, tolérance, respect de l’autre, écoute, justice, liberté de conscience, de croyance et de pensée, sans distinction de race, de nationalité, de parti politique ni de position sociale. «Les francs-maçons ambitionnent de construire un édifice pour le bien de chacun», confirme le Vénérable maître en chaire de la Loge Pythagore – seconde société maçonnique présente à Aubonne – qui loue et travaille dans les locaux de La Constance.
«C’est un idéal parfait pour des hommes imparfaits», conclut Jean-Claude Bédert. Et une recherche de la vérité, propre à chacun, non dogmatique et infinie.
Source : http://www.lacote.ch
Auteur : JOCELYNE LAURENT