» Le véritable trésor n’est pas forcement là ou l’on pense. »….
Un magnifique conte mis en scène sous forme de marionnettes par trois étudiantes de SupInfoCom Arles.
Je l’ai fait découvrir à mon fils hier, il a adoré …Pourquoi pas nous ?
Au sommet de la colline qui se trouve entre le village de Champey et le hameau des Valettes, se voit une grande pierre appuyée sur un bloc de rocher on l’appelle la Pierre qui tourne (lai piirre que vire).
On dit qu’il y a longtemps, bien avant que le château de Montbéliard fût bâti, il existait dans nos pays une race de petits hommes et de petites femmes qui étaient bien savants. Ils connaissaient les vertus des plantes, ils apprivoisaient les animaux des bois, les ours et les loups qui étaient nombreux dans ce temps-là. Ils vivaient dans les cavernes, ils étaient bons et serviables et ne faisaient de mal qu’aux méchants, mais être bon ne suffit pas pour qu’on vous laisse tranquille. Des gens qu’on appelait des moines arrivèrent de l’ouest, et ce sont eux qui nous firent chrétiens. Les petits hommes et les petites femmes, qu’on appelait les fées, étaient riches. Il se trouva des méchants pour exciter les moines contre eux et on commença à couper leurs beaux arbres, à combler leurs grottes, et à renverser leurs monuments de pierre, qu’avaient vénéré nos ancêtres. Alors les petits hommes et les fées quittèrent le pays et avec eux tous leurs beaux secrets pour aider et pour guérir. Les trésors qu’ils ne purent emporter, ils les enterrèrent en divers endroits et sous la Pierre qui tourne en particulier.
Personne ne peut bouger cette pierre mais tous les cent ans, le jour de Noël, elle tourne toute seule et découvre les trésors cachés dessous. Celui qui se trouverait là pourrait en prendre sa charge mais il lui est interdit d’y retourner la pierre retomberait sur lui en l’écrasant et tout ce qu’il aurait pris disparaîtrait. De plus on dit que les fées ont placé, pour garder le trésor, un chien qui dévorerait celui qui essayerait de le déterrer un jour ordinaire.
La chose est même arrivée une fois il y a près de deux cents ans. On tirait alors du sel à Saulnot pour le compte du prince de Montbéliard, dont les sujets le payaient moins d’un sou la livre, au lieu de douze sous que le roi de France le vendait en Lorraine, ce qui le faisait plus cher que la viande. Il y avait gros à gagner à porter du sel en Lorraine ou en Bourgogne, mais on y risquait gros aussi : c’était la potence pour qui s’y faisait prendre : il y fallait des gens décidés. Le petit Fridot, de Champey, passait pour un des plus hardis de ces contrebandiers lui et le grand Colas, de Lomont, n’avaient pas d’autre métier que de passer sur le territoire du roi de France du sel, du tabac, de la poudre, des étoffes, et des dentelles. Ils faisaient leur commerce le fusil à la main c’étaient de longs fusils à un coup, portant des balles de vingt à la livre, on en retrouve encore quelques-uns dans nos pays, mais remis à capsules. Donc, une nuit, les gabelous français s’étaient embusqués, sans en avoir le droit, sur le territoire de Champey, et avaient attaqué le Colas et le Fridot rentrant de Suisse. Il y avait eu des coups de fusil, et le Colas avait reçu une balle dans la jambe. Il aurait été été pris et pendu, si le Fridot n’avait jeté sa charge pour l’emporter sous bois et le cacher dans une cabane de bûcheron la nuit d’après, on le mit sur une charrette sous des fagots, et on le mena chez sa mère, à Lomont. Il guérit mais demeura boiteux et, pour vivre, se fit berger. Sa mère qui était « douée » et guérissait « du secret », fut grandement reconnaissante au Fridot d’avoir sauvé son fils.
Quelques années plus tard, elle tomba malade et fut avertie en songe que sa fin approchait. Elle fit venir le Fridot et lui demanda ce qu’il désirait il dit « Je voudrais savoir la vérité sur la Pierre qui tourne. «Elle lui dit : «Tu demandes là un grand secret et bien dangereux. Puisque tu as sauvé mon garçon, je te contenterai si cela m’est permis. Tu es huguenot, rentre chez toi, ouvre ta bible et lis le premier verset qui te tombera sous les yeux. Reviens demain matin, je vivrai jusque-là. » Le Fridot rentra chez lui et ouvrit sa bible au hasard, en passant une épingle entre les pages, et la piquant dans le livre, il lut « Nous trouverons toute sorte de biens cachés » (Proverbes, 1-13). Le lendemain matin, il retourna à Lomont, où la femme, ayant su ce qu’il avait lu, lui dit : « J’ai prié pour toi longtemps la Vierge et les saints sur le matin, je me suis endormie, et voici ce qui m’a été dit : « Tu iras à la « Pierre qui tourne » une nuit de jeudi à vendredi, en lune croissante, à onze heures du soir tu feras d’abord une prière où tu promettras de donner aux pauvres la moitié de ta trouvaille. Alors tu creuseras le terrain à dix pas au levant de la pierre, tu verras une cassette bien lourde, que tu ouvriras, sans la soulever. Tu prendras ta charge de ce qui est dedans, mais sans y retourner, et tu reboucheras le trou. Tu ‘as demandé ce secret, mais j’ai bien peur que mal t’en arrive. Le Fridot s’en alla, et dès qu’il fut sorti de la maison, la femme mourut. Le jeudi suivant, où la lune était justement dans son croît, il monta à la « Pierre qui tourne » et son chien le suivit. C’était un de ces chiens-loups, dont la race est quasi-perdue, de taille moyenne, noirs, les yeux brillants, les oreilles droites et les dents en gousses d’ail ils ne marchent jamais devant leurs maîtres, mais ils suivent par derrière ils ne viennent pas non plus droit sur lui quand il les appelle, mais s’approchent lentement et obliquement. On les dit fidèles, sauf si le maître vient à tomber devant eux alors l’instinct du loup reprend le dessus et ils le dévorent. Le Fridot monta donc avec son chien et, à onze heures, il se mit à creuser : il déplaçait de temps en temps des rocailles tout à coup, une sorte de mur s’éboula et il vit une grande boîte dans un caveau où était un chien noir qui grinça des dents quand il voulut prendre la boîte. Il recula et le chien se calma. Le Fridot but un coup d’eau-de-vie de blessons (poires sauvages) pour se donner du courage, et regardant la boîte et vit qu’elle n’était fermée que par un crochet : il l’ouvrit et le chien ne bougea pas ; il y avait dans cette cassette des chaînes et des bracelets d’or et des bagues avec des pierres brillantes comme l’étoile du soir, de quoi acheter tout Montbéliard et Besançon avec. Le Fridot osait à peine y toucher pourtant il s’enhardit et, après avoir rempli ses poches, rentra sa blouse dans sa culotte pour faire un sac avec le haut. Ayant pris tout ce qu’il pouvait porter, il remonta hors du trou ; comme il arrivait en haut, un bracelet tout brillant de pierreries glissa par la fente de sa blouse et tomba à côté de la boîte. Sans se souvenir des paroles de la femme de Lomont, le Fridot descendit pour le ramasser, mais les pierres et la terre s’éboulèrent avec un fracas terrible, il sentit le chien le prendre à la gorge et perdit connaissance. Le lendemain, deux bûcherons des Valettes entendirent son chien qui hurlait à la mort et le transportèrent chez eux. Le pauvre homme était déchiré comme par une bande de loups et son chien, criblé de blessures, était couché sur lui. Le Fridot mourut deux jours plus tard, après avoir raconté son histoire. Des gens dirent, par la suite, qu’il avait bu trop d’eau-de-vie, s’était endormi et avait rêvé du trésor et que, rêvant, il avait trébuché devant son chien, qui l’avait déchiré. Mais les bûcherons soutinrent toujours qu’à leur arrivée, le chien léchait son maître, bien loin de le mordre. Que peut-on savoir ?
Légende romancée on dit seulement que la Pierre tourne tous les cent ans et que des trésors sont cachés dessous, mais gardés par chien noir qui dévorerait celui qui y toucherait. La reproduction de cette légende est textuelle elle se retrouve, d’ailleurs, en nombre de contrées.
Merci pour ce conte.
J’ai vécu pendant des années à côté d’une « roche qui tourne » à Lardy, dans l’Essonne.
En voici l’explication :
« Nous ignorons si cette grosse pierre posée sur une autre de même nature est un phénomène naturel causé par l’érosion ou s ’il s’agit d’un travail humain qui en ferait alors un monument mégalithique.
Ce qui est certain c’est que cet énorme bloc de grès de quatorze mètres cubes, devant peser près de trente six tonnes, ne repose qu’en deux points sur la roche qui le porte.
Il existe beaucoup de monuments de ce genre en France, désignés sous les noms de « pierre tournale, tournoise ou tourneresse « . Certains seraient de symbole d’une divinité à laquelle les druides des gaulois rendaient hommage ou utilisaient pour prononcer des oracles.
Au Moyen-Age, certaines de ces pierres furent utilisées par les juges pour confondre ou innocenter les suspects. Elles étaient alors désignées sous le nom de » pierre probatoire « . Mais à Lardy, nous avons une roche qui tourne à laquelle depuis la nuit des temps diverses légendes furent attachées. Les uns disaient qu’une colombe blanche apparaissait tous les cent ans à minuit et faisait tourner la pierre. D’autres parlaient d’un pigeon blanc tous les jours à midi ou à minuit qui faisait tourner la roche. D’autres encore qu’elle faisait un tour sur elle-même à minuit seulement la nuit de Noël.
Enfin si l’on souffrait du ventre, il fallait le frotter contre cette pierre pour être guéri.
Les légendes sont si vivaces dans la mémoire des hommes que lors de la construction du chemin de fer Paris – Orléans, sur la demande des Larziacois, le tracé prévu des voies fut modifié par la compagnie pour respecter la présence de cette curiosité. »
Source : https://www.ville-lardy.fr/La-roche-qui-tourne,104.html
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