Votre voisin, votre patron, votre boulanger sont peut-être francs-maçons, mais vous ne le saurez jamais. La règle d’or de cet ordre, c’est la discrétion. Le 250e anniversaire de la loge maçonnique lédonienne est l’occasion de revenir sur les légendes qui l’entourent.

Un article de l’édition Jura du journal Le Progrès : Cinq idées reçues sur la franc-maçonnerie

Ce n’est pas un lieu tenu secret. Mais au numéro 2 bis du boulevard Duparchy, les portes du temple de « La prudente amitié » s’ouvrent seulement si l’on est initié. La loge maçonnique lédonienne du grand Orient de France compte actuellement 68 membres. Mais qui sont-ils et que font-ils ?

1 Les francs-maçons font partie d’une certaine élite ?

Faux

Jean-Louis Duprez, vénérable Maître de la Prudente amitié est formel : « C’est tout sauf une élite. Parmi nous, il y a des bacs plus 6 et des bacs moins 5. On retrouve des personnes issues de toutes les professions et de tous les niveaux sociaux. Ce qui est important, c’est d’être un citoyen actif dans la vie de la cité : élus, membres d’associations culturelles, sportives, caritatives ; humanitaires, sociales… » Pour lui, la franc-maçonnerie est un réseau social comme un autre : « Bien sûr qu’il y a de l’entraide, mais c’est la même chose que pour n’importe quel autre réseau. Les francs-maçons sont fraternels, mais il y a des limites. Rentrer peu paraître compliqué, mais en sortir est très simple ».

2 Les francs-maçons sont vieux et refusent la mixité ?

Faux

68 personnes constituent actuellement la loge lédonienne : le plus jeune franc-maçon a 23 ans et le plus ancien 92 ans. Et depuis 2014, La Prudente amitié initie aussi les femmes. On ne saura pas en revanche combien elles sont actuellement. « Nous en initions au moins une par an », précise le vénérable maître. Et d’ajouter : « Ces dernières années, nous recevons régulièrement des candidatures, beaucoup de jeunes, autour de 35 ans ».

3 Devenir franc-maçon est difficile ?

Vrai

Les personnes qui souhaiteraient faire partie de l’ordre peuvent envoyer leur candidature au siège du Grand Orient de France, 16 rue Cadet à Paris. Elles seront ensuite transmises aux loges concernées. « Trois enquêtes sont réalisées par trois frères, explique Jean-Louis Duprez. Au temple, les candidats sont ensuite soumis à une audition sous le bandeau. Cela doit nous permettre de mieux les connaître et de mieux appréhender leur motivation. À l’issue de cette audition, chaque frère vote : une boule blanche ou une boule noire. »

4 Les francs-maçons sont tous de gauche ?

Faux

Au sein de la loge lédonienne, l’éventail politique est très large : « Il va du front de gauche à la droite républicaine », explique Jean-Louis Duprez. « Nous sommes en revanche incompatibles avec le Front National, nous ne défendons pas les mêmes valeurs. Certains frères qui se sont présenté lors des dernières élections départementales sous l’étiquette du parti de Marine Le Pen ont été radiés. Nous portons des idées de tolérance, mais cela ne veut pas dire que nous sommes laxistes. »

5 Franc-maçon, c’est un engagement

Vrai

« Pour faire partie de l’ordre, il faut être impliqué et assidu », commente le maître vénérable. « Nous nous retrouvons deux fois par mois pour réfléchir, débattre, discuter. Nous abordons des sujets de société, comme la loi travail par exemple. L’article 6 sur l’exercice de la liberté religieuse dans l’entreprise nous inquiète particulièrement. Nous discutons également de nos symboles, l’équerre, le compas, et sur la façon dont ils peuvent être utilisés dans la vie de tous les jours. Ceux qui viennent par intérêt, pensant faire des affaires ou qui ne participent pas régulièrement ne restent pas. »