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    Categories: Edito

3 petites questions à Isabelle Duquesnoy

Le petit exercice de « 3 petites questions » se poursuit avec Isabelle Duquesnoy,  auteur de « Franc-maçonne – Journal insolent d’une femme libre dans le secret des loges« 

Je vous livre les réponses  d’Isabelle Duquesnoy aux 3 questions suivantes : 1- Si la Franc-Maçonnerie n’existait pas… quel chemin initiatique auriez vous emprunté ? 2 –La Franc-maçonnerie est-elle au crépuscule de sa mission ? 3- En maçonnerie, votre « Madeleine de Proust »…. quelle est elle ?

1 – Si la Franc-maçonnerie n’existait pas… quel chemin initiatique aurais-tu emprunté ?

Au cours d’un voyage dans le sud de l’Inde, dans le Tamil Nadu, j’ai rencontré un gardien de temple presque nu, qui m’a fait descendre un escalier de sept marches, caché sous un autel. Ensuite, il m’a fallu ramper dans un boyau pour atteindre une salle fermée aux visiteurs. L’homme s’est assis et m’a parlé un long moment, m’expliquant que toute ma vie pouvait recommencer à partir de ce passage étroit, comparable aux hanches maternelles. Interloquée, puis imprégnée, je suis rentrée en France convaincue d’avoir tout à refaire. Le bouddhisme aurait pu m’attirer, mais les contraintes liées à toute pratique me paraissent souvent pesantes.

2 – La Franc-maçonnerie est-elle au crépuscule de sa mission ?

Au crépuscule ? Je dirais que si la maçonnerie entretient trop longtemps ses mystères, elle nourrit les fantasmes des profanes, qui imaginent pire que la simple réalité. On « envoie » des maçons parler aux médias, juste assez pour pouvoir prétendre qu’on ne se cache pas. Les discours séduisants et rassurants sont presque du recrutement déguisé. Les nombreuses démissions et mises en sommeil sont peut-être le signe qu’une fois initié, le maçon se sent « trompé » ou déçu.

La franc-maçonnerie féminine semble avoir un réel problème. Je n’ai jamais visité d’atelier féminin où régnaient de façon palpable la concorde et la fraternité. Bien sûr, tous les ateliers peuvent avoir des soucis, mais chez les femmes, j’ai entendu des propos qui relèvent du commérage, de la critique mesquine. Des insultes aussi, admises à condition d’ajouter la formule « Je sais, ce n’est pas maçonnique de dire ça mais … ». Mes sœurs tenaient leur langue et soignaient leurs manières lorsqu’il y avait des visiteurs. La mixité me semble être un bon compromis.

3- En maçonnerie ta « Madeleine de Proust »…. quelle est elle ?

Ma madeleine, c’est le moment indicible de complicité qui nous lie, lorsque je découvre, au hasard d’une soirée, un franc-maçon. Ce sentiment de pouvoir se comprendre à demi-mot, simplement par ce vécu en commun est une expérience inoubliable. La cerise sur la madeleine, je l’ai dégustée de nombreuses fois, lors de l’ouverture des travaux, lorsque nos regards se tournent vers la lumière. Les petits coups d’œil et le sourire de chacun m’a toujours fait espérer vivre une tenue enrichissante et fraternelle.

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A.S.: