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    Categories: Edito

3 petites questions à Alain Subrebost

Le petit exercice de « 3 petites questions » se poursuit avec aujourd’hui Alain Subrebost, écrivain auteur des « Petit manuel d’éveil et de pratique maçonnique – Tome 1 et 2» 

Je vous livre les réponses d’Alain Subrebost aux 3 questions suivantes : 1 – Si la Franc-Maçonnerie n’existait pas… quel chemin initiatique auriez vous emprunté ? 2 – La Franc-maçonnerie est-elle au crépuscule de sa mission ? 3- Votre « Madeleine de Proust »…. quelle est elle ?

1 – Si la Franc-Maçonnerie n’existait pas… quel chemin initiatique auriez vous emprunté ?

Très difficile à dire car dés lors que l’on commence ce genre de question nous commençons ce que j’appelle « la valse des si »…et , et si, et si…
Et si en étant jeune j’avais choisi cette route plutôt qu’une autre, si j’avais travailler plus à l’école, si j’avais moins travaillé, si je m’étais voué au sport, à la musique….Si je n’avais pas eu mon enfance, si mes parents avaient été différents, si j’étais né en Afrique ou au Tibet, etc…si, si , si, si
La valse des si….
Cette valse sonne à nos oreilles pour nous dire que nous ne pouvons pas savoir ce qui aurait pu se passer si, un des paramètres qui concourt à la vie, avait été changé et en quel sens  ce changement aurait pu affecter la suite des événements…
D’une manière mécaniste comme, d’une manière « quantique « , une cause (quelle soit physique, psychique, spirituelle, matérielle)  peut créer un ou plusieurs effets et changer le a-venir… Ce « a-venir » est l’aventure de la vie…
Je pense que c’est cette capacité consciente ou ou pas que nous avons de choisir à chaque instant un ensemble de paramètres de pensées, de comportements, d’actions qui  va influencer  la suite des événements et in fine de notre vie.
En cela…la vie en elle même est initiatique…car elle est une suite ininterrompue de mort, de vie, de renaissance…. A chaque instant, j’initie par mon état mental, mon comportement, mes actes ce qui va suivre…et  ainsi de suite…jusqu’à notre désincarnation
En fait M Lamech, pour moi cette question est impossible à répondre car ce que nous apprend le rituel comme toutes les religions c’est que tout se passe dans l’instant, dans « l’ici et maintenant » et certainement pas dans un passé révolu dans lequel nous n’avons la main sur rien si ce n’est le souvenir que nous en avons….
Dans les rituels, les épées cliquent au passage de l’apprenti: le combat, la confrontation, l’exercice du choix, la vie sont ainsi symboliquement lié au présent et non au passé ou à l’avenir…

Pour conclure, rappelons nous une histoire tirée de l’ancien testament, celle de loth et de sa femme qui partent de la fameuse ville de Sodome et de Gomorrhe avec comme seul conseil de ne pas regarder en arrière et contempler l’écroulement de la cité… La curiosité est trop forte pour la femme de Loth, elle se retourne pour regarder son ancienne ville et hop, se change en statue de sel…
Le sel se dissout, il est là, tout en étant invisible…c’est pour cela qu’il a prit le sens d’alliance… Mais le sel à la propriété aussi de cristalliser….
Quand la femme de Loth  se retourne, elle se cristallise littéralement sur son passé…Bloquant sa psyché, son esprit, son être à jamais sur ce qui fût et non plus sur le présent ou la possibilité du « nouveau »…
Cette cristallisation est le symbole de notre attachement au passé et cette histoire une belle métaphore de certains de nos comportements non?
Une chose est sûre dans tout cela…Si vous ne m’aviez pas posé cette question….je ne me la serais jamais posée. J  !

2 – La Franc-maçonnerie est-elle au crépuscule de sa mission ?

Je vais rebondir sur la précédente question : Il n’y a pas de crépuscule sans lever de soleil.
La vie est un continuum dont nous séparons les éléments pour les sérier, les positionner dans un temps compréhensible et quantifiable, un temps profane…mais si nous là regardons attentivement, nous pouvons apercevoir qu’il n’y a que des instants qui se suivent, des instants qui finissent et des instants qui commencent.
En fait, à chaque instant, je meurs et vis puis l’instant d’après meurt et revis…ainsi est le cycle de la vie…pourquoi la maçonnerie n’en ferait-elle pas partie?
Ce qui est valable pour moi l’est pour elle, non ?

D’après toutes les traditions initiatiques, religieuses ou spirituelles l’esprit survit après la désincarnation et de la « qualité d’âme »  dépend la qualité de vie dans les mondes subtiles, ou dans une future incarnation .En franc-maçonnerie, c’est à peu prés la même chose…in fine, l’esprit de la franc-maçonnerie survit grâce à ce que l’on appelle la transmission et plus la qualité de cette transmission est élevée moins l’information transmise aura subit de dégradation..en prenant le risque de la faire tomber dans un gouffre crépusculaire.
Si la franc-maçonnerie et la survie de son génie dépend de sa transmission, nous comprenons très bien pourquoi il était difficile d’y entrer, difficile de progresser, difficile de devenir maitre car la transmission d’informations est chose délicate…dans un monde et des êtres en perpétuel mutation.

Le crépuscule apparait à mon sens ainsi dés lors que l’on oublie d’apporter l’attention nécessaire à la pratique, dés lors que l’on oublie surtout de devenir l’exemple vivant de l’essence de ce que l’on juge être un Homme libre et de bonne Mœurs…un franc-maçon.
Cette qualité de franc-maçon provient du travail qui s’effectue dans les loges et dans le concret du quotidien et non dans les affres des circonvolutions des cirques médiatico politico-journalistiques qui annoncent toujours le pire pour la franc-maçonnerie.
Tous ceux qui pratique le savent:
« L’esprit de la Queste » qui anime tous les franc-maçons ne se trouve jamais dans les marronniers des grands journaux. On ne peut que le regretter car cet esprit, ce vent de liberté, de capacité à se remettre en question, ce potentiel d’évolution ou de développement personnel, cette spiritualité libre et sereine se devrait d’être partager pour le plus grand bien de tous car la franc-maçonnerie à la génie de rendre libre les individus sans les soumettre à un quelconque dogme…Ce qui est plus que rare de nos jours…que ce soit dans la sphère du « socius » ou dans la sphère de l’intime…

Heureusement, le véritable travail de taille de la pierre continue à se faire, à se pratiquer dans les loges parisiennes comme dans les loges de province. Ce n’est qu’à cette condition que la franc-maçonnerie ne se désintégrera pas…
En fait tout dépend non de la franc-maçonnerie ou de la représentation médiatique que certains en font mais de ceux qui l’a pratiquent et qui œuvrent et qui ne se laissent pas embarquer par quelques jolies sirènes aux chants douteux…
Semper vivat !

3- Votre « Madeleine de Proust »…. quelle est elle ?
Ma «  madeleine de Proust » c’est un lit familial dans le nord du Périgord. Dés que je m’y couche…je suis replongé dans mon enfance. C’est un lit bateau fabriqué par mon grand-père dans lequel je m’enfonçais avec délectation, blotti entre un double matelas, des draps épais et des couvertures lourdes le tout emmitouflé dans un édredon de 50 cm de plume.. J’avais alors l’impression d’être enfin en sécurité, protégé, dans un univers doux…ouaté… Chaque fois que j’y recouche, j’ai à nouveau ce petit sourire de bonheur de mon enfance, qui accompagnait, le soir, dans le froid ce sentiment de sécurité et de sérénité que m’offrait ce lieu…

Voir aussi les réponses de :

– 3 petites questions à Alain Bernheim

– 3 petites questions à Solange Sudarskis

– 3 petites questions à Jacques Viallebesset


A.S.: